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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 10:42






Réalisateur : Jacques Audiard.

Distribution : Niels Arestrup, Tahar Rahim ...

Après Sur mes lèvres (2001) et De battre mon coeur s'est arrêté (2005), ses 2 derniers films magistraux, Audiard, qui à chaque fois prend le temps de mûrir ses projets, signe là certainement son plus grand film.
Un prophète
retentit en effet avec fracas, par son scénario explosif ainsi que la réalité sourde qu'il décrit.
 
L'histoire est celle d'un jeune arabe, innocent, qui va traverser sa détention comme un parcours initiatique sous l'aile d'un vieux mafieux corse interprété par le fantastique Niels Arestrup. 
On assiste alors à la longue ascension du jeune candide, au départ terrorisé par la proximité avec ces brutes et autres voyous dont il se sent complètement étranger.

On peut le dire d'emblée, Un Prophète n'est ni une peinture ni une critique de l'univers carcéral même s'il contient en germe chacun de ses maux et surtout de ses codes.  Audiard ne nous parle pas de l'enfermement comme le faisait Hunger (2008), ne nous parle ni des viols, ni des passages obligés que l'on a vu maintes et maintes fois, notamment dans l'excellente série Oz et encore moins de tentatives d'évasion ...
En cela il peut même paraître complètement politiquement incorrect car il présente la prison comme un tremplin pour ce jeune homme qui va pouvoir se révéler à lui-même et aux autres. 

C'est donc la grande qualité du film que de transcender son sujet pour se concentrer sur le rapport de force qui va naître entre Tahar Rahim et Niels Arestrup.
Ce dernier va pousser son jeune protégé, ou plutôt larbin, à commettre le pire mais va sans le savoir lui donner le goût du pouvoir, de la machination et du crime. 
Un prophète  est avant tout un thriller, un film palpitant, nerveux où la violence jaillit pour accentuer la part d'ombre qui s'empare de Malik.
Le scénario est incroyable, et la mise en scène musclée. 

Si Tahar Rahim est évidemment parfait dans son rôle, et que je suis impatient de voir ce qu'il fera par la suite car les sollicitations seront évidemment nombreuses, la palme est à décerner à Niels Arestrup qui est monstrueux. Sa présence physique est presque électrique, il dégage une telle violence contenue, sourde que l'on en arrive à craindre chacune de ses réactions. Même lorsqu'il sourit, il est terrifiant.

Les scènes oniriques surprennent au départ, mais l'on comprend qu'elles sont le fil conducteur et que l'étrange apparition va révéler le jeune arabe à lui-même et le rapprocher de ses origines tel un ange gardien.
César (Niels Arestrup) devient alors magnifiquement pathétique, en chien battu, lorsque le rapport de force s'inverse et que Malik, loin de se brûler les ailes, devient le héros local qu'il ne serait paradoxalement jamais devenu s'il n'était passé par là.

Finalement si le film, par son lyrisme cinématographique, n'est pas politique, il en dit beaucoup socialement sur son époque, sur le communautarisme et la discrimination, mais aussi sur l'absurdité d'un système judiciaire de comparution immédiate (que l'on devine) et le leurre que peut constituer la prison pour la réinsertion de jeunes délaissés.

Un film qui méritait certainement la palme d'Or (reste encore à voir le ruban blanc), mais un grand cru du cinéma français qui nous restera longtemps en bouche.

Note : 5/5


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commentaires

R
<br /> Merci Vlad<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Coucou,<br /> <br /> J'espère que ca va. J'ai rajouté ton blog dans mes liens ;-) Je reviendrai lire tes billets plus tard je dois me coucher :P<br /> <br /> A bientôt,<br /> Vlad<br /> <br /> <br />
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L
<br /> c'est clair, arestrup est monstrueusement impressionnant<br /> <br /> <br />
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