Réalisateur : Bouli Lanners
Distribution : Bouli Lanners, Albert Dupontel, Suzanne Clément, Michael Lonsdale, Max Von Sydow ...
Durée : 98 min
Deux hommes errant dans les steppes d'une contrée inconnue, chasseurs de prime atypiques, sont engagés pour retrouver un téléphone au contenu sensible, et croisent sur leur chemin d'autres âmes solitaires.
Bouli Lanners signe ici son film le plus sombre, western des temps modernes où le coup de boule remplace le coup de poing, quoique le flingue restant de mise. Un road ou buddy movie réunissant deux solitudes au coeur tendre dont le contrat n'est que prétexte à une quête plus profonde, surtout pour Gilou, le personnage qu'incarne Bouli Lanners.
Rythme lent, peu de paroles, pas de contexte sur l'histoire de ces personnages dont on ne peut que supposer les cicatrices d'un passé obscur, et dont les rencontres sont le fil conducteur de la narration.
Rencontre avec un couple autiste, Esther et Willy, qui pressent la fin du monde et cherche, avant celle-ci, à retrouver la fille de Esther. Couple touchant qui rappelle le cinéma de Bruno Dumont, dont provient Esther puisqu'elle jouait dans hors-satan.
Rencontre avec une femme seule qui accueille sans poser de question la personnalité rugueuse incarnée par Dupontel, et ici on pense à Western, quoique le ton soit bien moins doux.
Et puis vient le moment, que ne renierait pas Lynch, où Gilou croise Michael Lonsdale et Max von Sydow venus pour lui délivrer un message, l'inviter à habiter son existence qui ne se résume pas "au simple fait de respirer", et à prendre soin des vivants comme des morts.
Max Von Sydow qui incarne ici le croque-mort, ou en tous cas l'homme de la situation, comme pour rappeler celui qui jouait aux échecs avec la mort dans le Septième sceau de Bergman.
Lynch aussi par le surréalisme qui nous montre un cerf au milieu d'une nature triste et magnifique (deer hunter ?)
L'image est belle, désaturée, avec beaucoup de plans fixes qui rappellent ceux de Kitano, sans la violence.
Peu de question, une certaine contemplation poétique et finalement des regards qui en disent long sur une humanité laissée pour compte mais qui, par des petits gestes, la glorifie en vivant l'instant présent.
Des âmes percluses dans leur tristesse, leur esseulement, hors du temps et des contraintes d'une société survoltée, et si c'était ça la liberté ?
Note : 3,5/5