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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 11:01

 

Réalisateur : Tom Ford
 

Distribution : Jake Gyllenhaal, Amy Adams, Michael Shannon ...
 

Durée : 116 min
 

Susan vit seule. Bien qu'entourée d'employés pour tenir sa maison luxueuse, et d'associés pour gérer sa froide galerie d'art contemporain, elle est seule. Son mari la trompe, elle le sait, il la nie, elle le sait mais opère une descente à travers les regrets, les insomnies et le passé que vient remuer le manuscrit du roman que lui envoie son premier mari Edward.

 

 

 

Deuxième film de Tom Ford, après A single man, on y retrouve la même froideur esthétique, presque mise en abîme d'un designer qui présente le monde du luxe, de l'art contemporain et des mondanités comme le miroir de l'obscénité des oeuvres qu'il expose ou reflet sordide de l'histoire que décrit le roman d'Edward : une famille dont la vie se voit détruite une nuit par la rencontre avec un groupe de criminels au fin fond du Texas qui n'est pas sans rappeler une scène similaire, bien qu'hautement plus insupportable, de Twenty-nine palms de Bruno Dumont.
 

C'est là toute l'originalité du film que de mettre en parallèle deux histoires qui se rejoignent sous certains aspects, outre la présence de Jake Gyllenhaal (Edward), écrivain qui finit par se raconter à travers un thriller, explorer la faiblesse d'un homme dont l'affublait sa femme Susan, et en fait affirmer la vulnérabilité de celui qui a le droit de se retrouver impuissant.
 

La mise en scène du roman est certainement ce qui rend ce film prenant car il marque un thriller violent et haletant, dont Susan lit le manuscrit d'une traite, déprimée, au bord du gouffre de la dépression, qui n'a pas réussi à trouver la porte de sortie de la vie que lui souhaitait sa mère, glaciale Laura Linney,  et qui le réalise bien sombrement.

Les personnages sont tous tristes, perdus, telles des âmes en peine sauf Edward l'écrivain dont on devine qu'il a su maintenir la foi en ce qu'il croyait et envoyer ce manuscrit à la femme qu'il aimait comme un phare auquel celle-ci tente de se raccrocher et renouer avec la vie réelle et vraie comme elle la rêvait au départ.

Jeu d'acteurs donc très juste, il est étonnant de voir comment Tom Ford parvient à marquer leurs traits jusqu'à rendre Amy Adams et Jake Gyllenhaal tantôt vieux et marqués, tantôt jeunes et exaltés, sans réel artifice ou manipulation numérique.

Enfin l'excellent Michael Shannon, qui décidément se cantonne aux rôles des personnages obscurs, mauvais ou malsains, intervient comme pour signifier qu'une vie se déroule en impermanence sans que rien ni personne ne puisse la juger, et que tout est possible jusqu'à la fin à partir du moment où celle-ci trouve un sens.

 

 

Rappelant la phrase de Jankélévich : " Car la vie de quelqu'un même la plus humble, est un déroulement inédit et original d'une suite d'expériences unique en son genre. Le témoin ne peut donc juger qu'à la condition de rester témoin jusqu'au bout. Qui sait si la dernière minute ne viendra pas d'un seul coup dévaluer une vie apparemment honorable ou réhabiliter au contraire une vie exécrable".

 

note : 3,5/5

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