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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 08:40
MM



Réalisateur : Adam Elliot

Voix : Philip Seymour Hoffman, Tony Collette, etc...

Durée : 1h32

La correspondance entre un juif new-yorkais atteint du syndrome d'Asperger, forme d'autisme, et une fillette australienne, malheureuse et complexée. Une amitié qui va prendre forme et ne jamais cesser...

Pour le premier film d'animation sur le présent blog, on n'aurait pu être mieux loti qu'avec ce long métrage utilisant la stop-motion : réalisé image par image, en pâte à modeler.
C'est donc en premier lieu le travail et l'abnégation, pour arriver à un résultat si magnifique, qui forcent l'admiration et ce parce que les moyens sont ici exclusivement au service d'une histoire merveilleuse, suscitant une émotion totale.

Aucun effet gratuit, aucune volonté de séduire. Adam Elliot nous livre ici sa vision et son imagination inspirées d'une réelle correspondance qu'il a entretenue pendant 20 ans avec un homme atteint d'Asperger (un Aspie). 

Si le film est magnifique, l'esthétique, au premier abord, est assez disgracieuse. Tout est laid, les gens sont abimés, bancals, inadaptés. C'est évidemment là que le propos prend son ampleur : on ne cherche à rien normaliser ou juger, on souhaite comprendre ce qui conduit les gens à en arriver là où ils sont et surtout comment ils surmontent leurs névroses ou handicaps parfois sans ne jamais y parvenir.
Aucun manichéisme, aucune morale, juste la compassion et l'empathie que suscitent en nous le conte de ces individus mal fichus.

C'est avec les détails que le réalisateur nous attrape.
La petite tâche sur le front de Mary, le pompom rouge sur la kippa de Max, et tout ce qui constitue leur quotidien, leur environnement.
Adam Elliot crée un univers personnel et complètement nouveau, dans lequel on s'immerge peu à peu pour ne plus vouloir s'extraire.

Le sépia accompagne la vie difficile de Mary comme une carte postale un peu passée, tandis que le noir et blanc traduit la vie triste et pathétique de Max.
Max...
Personnage qui nous boulverse, nous émeut littéralement. L'humoir noir, qui sied parfaitement à ce juif new yorkais, n'arrange pas le spleen qui imprégne le film. Il serait un Homer Simpson juif version dramatique ou dépressive.

Les voix sont formidables, la bande son également, accompagnant des instants inoubliables. 

Utiliser cette forme enfantine pour parler de choses si dures que l'exclusion ou la solitude est certainement ce qui contribue le plus à faire de Mary and Max un attrape-coeur.
La correspondance entre ces deux éclopés, improbable au départ, nous en dit beaucoup sur le coeur humain. Un monde injuste dans lequel il est inutile de chercher à effacer les stigmates de nos blessures, comme la tâche sur le front de Mary ou celle finalement que laisse derrière lui Max : une simple tâche, indélébile certes, mais rien de plus.

Un petit bijou donc, terrible et magnifique à la fois, qui nous préserve de toute mièvrerie ou maniérisme et qui se hausse au sommet du cinéma d'animation nous laissant fébriles de joie et de mélancolie.

Note : 5/5
 
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commentaires

H
<br /> Oui j'approuve pleinement! Merci pour ce regard si bien porté. Un film qui souligne que la beauté de l'âme humaine peut résider dans l'apparente laideur. Sourire avec le cerveau est parfois plus<br /> vrai que sourire avec la bouche...<br /> <br /> <br />
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